Jin Siyan, Professor of Artois of France, Mourning Speech to Léon Vandermeersch at his Funeral 法国阿尔多瓦大学教授金丝燕在汪德迈葬礼上的悼词

汪德邁葬禮致辭

 

法國阿爾多瓦大學教授金絲燕

巴黎聖方濟·沙勿略教堂Paroisse Saint François-Xavier)
2021
1021

 

20211011上午電話鈴響。電話的那一頭,是您略显急促的聲音:“《文心雕龍》第十九章有一處我們要再看一下,等著我出院。”這是我記住的您的最後的話。

今天,我們在聖方濟-沙勿略傳教堂見面了。 生命始終給我們滿滿的希望,然而,也給我們同樣的痛楚。我們在死亡中體驗某種高濃度的生命。面對死亡,我們完整地掂量出生命的意義。

20054月的一天,索爾邦大學笛卡爾階梯教室,北京大學哲學教授湯一介這樣介紹您:“汪德邁,法國第一儒,如果不是唯一的。”就這樣,我與您首次結識是通過您的中文名字。

2011年春,索爾邦廣場書桌咖啡館。我們開始您《中國思想的兩種理性-占卜與表意》一書的工作。您的書寫和我的翻譯逐段進行,因為您希望法文本和中文譯本同時出版。這本書於2013年和2015年在法國和中國相繼出版。

20158月,星空下,敦煌石窟前,您忽然說:“若上天繼續給我光明,我要寫一本小書:《中國教給我們什麼?》”。

20151115日,巴黎發生連續恐怖襲擊的兩天后。我們繼續在書桌咖啡屋工作,一位女士走過來說:“在這樣的情況下你們還在探討文化,我很感動”。

四年後,《中國教給我們什麼?》由法国伽利瑪出版社和香港中文大學出版社出版,相隔一個月。

20184月,我們第四次出訪北京師範大學,您希望去故宮皇城根看看。1933年,著名歷史學家錢穆每天來此撰寫他的《中國思想史》。長時間的沉默後,您說:“我的下一本書將寫《中國文學不平凡的文學》。我為寫作而活著。我的老師饒宗頤九十歲封筆,我要繼續寫下去。”

回到巴黎,我們在周日工作坊重拾中國文學批評的“聖經”《文心雕龍》的翻譯,直到106日,您住院前的兩天。

現在,有您在場,有全體出席者見證,我承諾,法蘭西會看到我們共同完成的最後工作。

此刻,在這充滿靈魂的聖殿裏,我想給您一首詩:

 

每一個瞬間    
完整的生命    
消逝是您高強度的在
完滿在缺席裏   
為了您      
宇宙把自己寫作詩 

 

 

              

 

À la cérémonie religieuse en la paroisse Saint François Xavier
Jeudi, 21 octobre 2021

Discours de Jin Siyan, Professeur des universités

 

Le 11 octobre 2021, au matin, le téléphone sonne. Au bout du fil, c’est votre voix, d’un ton un peu pressant : « Il y a encore un point dans le chapitre XIX du Wenxin diaolong que nous devons revoir. Attendez que je sorte de l’hôpital. » Ce sont les derniers mots que je retiens de vous.


Aujourd’hui, nous nous retrouvons à la Paroisse Saint-François Xavier. La vie nous donne toujours plein d’espoirs, mais aussi, hélas, autant d’amertume.  Il y a des moments de vie intense que nous vivons dans la mort. C'est face à la mort que nous mesurons pleinement le sens de la vie.


Un jour en avril 2005, dans l’amphithéâtre Descartes de la Sorbonne, Tang Yijie, Professeur de philosophie à l’Université de Pékin vous a présenté en ces termes : «Monsieur La Vertu incommensurable en marche, le premier, si ce n’est pas le seul confucéen en France ». Ainsi ai-je fait votre connaissance par votre nom chinois 汪德邁.


Au printemps 2011, à l’Écritoire sur la place de la Sorbonne, nous avons commencé à travailler sur la traduction de votre manuscrit Les deux raisons de la pensée chinoise – divination et idéographie. Votre écriture et ma traduction se suivaient paragraphe pour paragraphe, car vous avez souhaité que l’édition française et la publication chinoise aillent de pair. C’est ce qui est fait respectivement en 2013 et en 2015.


Un soir au mois d’août 2015, sous le ciel étoilé, au pied des grottes de Dunhuang, vous m’avez dit tout d’un coup : « Si le ciel m’accorde encore un peu de lumière, j’écrirais un livre sur Ce que la Chine nous apprend.»


Le 15 novembre 2015 à L’Écritoire, deux jours après l’attaque terroriste au Bataclan, nous nous sommes remis au travail sur votre nouveau livre. Une dame venait vers nous et dit : « Dans ce contexte particulier, vous continuez à

 

travailler sur la culture, j’en suis émue.» Quatre ans après, à un mois d’intervalle, votre livre est sorti par Gallimard, et par The Chinese University of Hong Kong Press.

 

En avril 2018, alors que nous étions en mission en Chine auprès de l’Université normale supérieure de Pékin, vous avez souhaité visiter le lieu où avait travaillé Qian Mu, célèbre historien qui, en 1933, venait tous les jours pour écrire son histoire de la pensée chinoise au pied des murs pourpres de la Cite interdite. Soudain un long silence méditatif est rompu : « Mon prochain livre serait La littérature chinoise - littérature hors norme. Je vis pour écrire. Mon maître Rao Zongyi avait déposé sa plume à l’âge de quatre-vingt-dix ans, moi, je devrais continuer au-delà.»


De retour à Paris, notre atelier du dimanche a poursuivi la traduction du Wenxin diaolong, la bible de la critique littéraire chinoise, et ce jusqu’au 6 octobre 2021, deux jours avant votre hospitalisation à Cochin.


Aujourd’hui, en votre présence et ayant l’assistance comme témoin, je prends l’engagement de faire publier en France ce dernier travail que nous avons réalisé en commun.


À présent, en ce lieu saint, rempli d’âmes, j’aimerais vous envoyer un poème :

 

Chaque instant
Une vie entière
Disparaître est votre manière intense d’être
Dans l’absence demeure la plénitude
L’univers pour vous s’écrit en poésie