In Memoriam Léon Vandermeersch

Michel  Espagne

Il est des savants qu’on regrette de ne pas avoir rencontrés plus tôt. Le professeur Léon Vandermeersch est certainement de ceux-là. Bien sûr, je connaissais ses livres et notamment Ce que la Chine nous apprend ou Les deux raisons de la pensée chinoise. Mais l’accompagner au Temple du ciel ou l’écouter faire une conférence en chinois presque sans notes à l’Université normale de Beijing ajoutait à ces impressions de lecteur une vie tellement intense qu’on a de la peine à penser que Léon Vandermeersch ait pu disparaître. Quelques rencontres ont suffi à me conforter dans l’idée que le savoir aussi étendu  d’un savant, qui partant du Vietnam avait étudié toute l’Asie et exploré les éléments fédérateurs de la langue et de la pensée chinoise, ne pouvait qu’aller de pair avec une ouverture aux autres, une très grande capacité d’écoute. Certes on avait le sentiment d’être bien ignorant quand il parlait par exemple de Liu Xie et de ses théories littéraires des premiers âges, mais rien en lui ne marquait la distance et tout invitait à s’initier davantage. Les étudiants qu’il a suivis se souviennent d’une compréhension amicale jamais prise en défaut, une solidarité lumineuse avec ceux que la curiosité avait poussés assez tôt du côté de la Chine. Les études chinoises ont perdu en France un maître dans tous les sens du terme.

(Michel Espagne, A famous professor of transcultural    
studies of Paris Université Normale Supérieure, France.)